jeudi 24 décembre 2015







Chatown Cottage - Jane Austen Museum 





VERT CELADON souhaite
 une très belle journée de Noël
à tous ses lecteurs

















lundi 9 novembre 2015

Faudra-t-il évincer Louise LABE du MUR DES LYONNAIS ?







Louise Labé - Dite "La Belle Cordière" - 1524 - 1566


Faudra-t-il évincer Louise LABE
 du Mur des Lyonnais ?

Je lis, à travers différents articles relatifs à la nouvelle exposition que le Musée des Beaux Arts de Lyon consacre à la Renaissance, que le joli mois de mai 2016 verra la célébration du 450eme Anniversaire de la disparition de la poétesse lyonnaise Louise LABE.

A ce titre, une question me vient à l'esprit : verra-t-on refleurir la thèse avancée par Mme Mireille HUCHON, Professeur à l'Université de Paris Sorbonne, spécialiste de Rabelais et des écrivains de la Renaissance, dans son essai "Louise Labé, une créature de papier", paru en 2006, où elle prétend que Louise n'aurait pas existé en qualité de poète, et qu'elle ne serait pas l'auteur des célèbres et merveilleux Sonnets ainsi que des Elégies, lesquels  seraient dus à Maurice SCEVE et à certains jeunes poètes de son entourage.




Louise LABE comme construction littéraire ... Cette thèse, qui a été adoubée par Marc FUMAROLI, membre de l'Académie Française, a bien sûr fait l'objet de controverses, que je ne vais pas citer ici et pour moi, qui aime énormément Louise, elles m'ont un peu réconfortée, la surprise ayant été de taille. 

Il faut ajouter à cela, que j'ai retrouvé la mention de cette thèse récemment, lors de la lecture du très beau livre que l'anglaise Sarah BAKEWELL a consacré à Montaigne. Elle y évoque l'éducation des jeunes femmes au XVIe siècle en disant : "Les quelques femmes réellement instruites au XVIe siècle, étaient de plus en plus rares, comme Marguerite de Navarre, auteur de l'Heptameron, ou la poétesse Louise Labé (en supposant qu'elle ait vraiment existé et n'ait pas été le pseudonyme d'un groupe de poètes masculins, ainsi que le suggère une hypothèse récente).

J'attends donc cette célébration avec curiosité, même si la présence de notre Belle Cordière a laissé bien des traces à Lyon et qu'elle est avec Pernette du Guillet, Juliette Récamier et à un degré moindre, Pauline Jaricot, une des plus illustres de nos "dames lyonnoises", qui figure sur le mur peint des Lyonnais célèbres, que l'on peut voir en flânant sur les Pentes de la Croix-Rousse, le long des quais de Saône, aux couleurs florentines. Faudra-t-il l'en évincer ?




Le Mur des Lyonnais - Louise Labé et Maurice Scève


Christine Filiod-Bres
9 novembre 2015



* Louise Labé, une créature de papier
Mireille Huchon - Editions Droz - Genève - 2006

* Comment vivre ? Une vie de Montaigne
en une question et vingt tentatives de réponse
Sarah Bakewell - Albin Michel et Le Livre de Poche

* Louise Labé est-elle une créature de papier ?
Daniel Martin
Réforme Humanisme Renaissance n° 63 - 2006 



mercredi 23 septembre 2015

Simplicité





Simplicité




Photo ChingYang Tung






Aller chercher l'eau
Couper du bois
Balayer la cour
Arroser les cactées
Nourrir les oiseaux
Eplucher les pommes de terre
Faire cuire des châtaignes
Coudre un ourlet
Ranger la bibliothèque
Faire du thé
Ne plus rien attendre
Et s'en trouver bien






Christine Filiod-Bres
Vert Céladon
24 septembre 2015






samedi 19 septembre 2015

L'Eté de l'amour










L'Eté de l'amour


Photo Retro & Vintage Fanatic - Sylvie Vartan et Françoise Hardy







C'était l'été de l'amour

Le temps béni de l'insouciance

Mais plus celui de l'innocence

Nous mangions des glaces

Et toutes les nuits nous dansions

Nous dormions sur la plage

Le ciel étoilé pour baldaquin

Nous nous aimions tous







Christine Filiod-Bres
19 septembre 2015



mercredi 16 septembre 2015

Révélateur, bain d'arrêt ... fixateur.




LIFE - Anton Corbijn



Révélateur, Bain d'Arrêt ...Fixateur 

LIFE

 un film d'Anton CORBIJN




L'instant du film où Dennis STOCK, photographe de l'Agence Magnum qui, dans la pénombre de son laboratoire, fait entrer dans la lumière, par le miracle de la chimie, les très belles photographies de James DEAN, réalisées à Times Square et dans l'Indiana, est un des beaux moments du dernier film d'Anton CORBIJN "LIFE".



Ces photos devenues mythiques grâce à leur publication dans "LIFE" et qui ont contribué à forger la légende de James DEAN, viennent après un voyage effectué par Dennis STOCK, alors photographe inconnu, en compagnie de l'acteur, dans l'Indiana de son enfance.


1955 - James Dean - Indiana - Ferme de ses grands-parents - Photo Dennis Stock


James DEAN, pétri de contradictions entre ses aspirations de comédien formé à l'Actor's Studio de New York et les contraintes promotionnelles imposées par Hollywood, qui lui font dire "Je veux juste bien jouer", tente par ce périple de conforter avec Dennis STOCK, une amitié balbutiante et constamment contrariée par le caractère imprévisible de l'acteur et la vie privée parfois chaotique, du photographe.



James Dean et Dennis Stock


Les quelques jours passés ensemble dans cette ferme en hiver, chez ses grands-parents et son oncle, sont autant pour le comédien une manière de se ressourcer dans le cocon familial, que de puiser le courage de retourner à cette autre réalité qu'est le métier d'acteur. Cette partie du film est émouvante dans ce qu'elle nous apprend de cette icône du cinéma et de l'univers qui l'a forgé ; de même qu'elle permet à Dennis STOCK de mieux comprendre son ami et à se confronter, lui le citadin, au monde rural américain et singulièrement celui des Quakers, communauté des grands-parents de James DEAN.



James Dean près de la ferme de ses grands-parents dans l'Indiana dont il est originaire
Photo Dennis Stock 



Le voyage en train vers l'Indiana est également l'occasion d'une scène à la fois intense et pleine de retenue entre les deux hommes, où James Dean se remémore et raconte un autre voyage en train, celui où très jeune, il a accompagné le rapatriement du cercueil de sa mère, morte alors qu'il avait neuf ans. On sent bien à cet instant à quel point elle a compté pour lui, à travers la complicité profonde qui les unissait, et que cette disparition l'a affecté à jamais, étant certainement en partie, à l'origine de ses névroses.



Indiana 1955 - James Dean dans la salle à manger de ses grands-parents
Photo Dennis Stock




James Dean - Indiana 1955 - Photo Dennis Stock



Indiana 1955 - James Dean et son neveu Markie
Photo Dennis Stock


Le film est aussi une description sobre et nuancée de l'univers de Hollywood, illustrée par Jack Warner, interprété par un Ben KINGSLEY plein de cynisme menaçant, face à James DEAN, tentant confusément d'échapper au rôle de singe savant qu'on veut lui faire jouer et retournant contre lui-même sa révolte larvée.


James Dean - 1931 - 1955



Cependant, il ne faut pas s'y tromper, l'intérêt du film réside aussi et sans doute, aux yeux du réalisateur, dans la personne de Dennis STOCK, photographe très talentueux devenu célèbre, appartenant à la prestigieuse agence Magnum, lequel a su déceler le potentiel charismatique de James Dean, croyant dur comme fer à son idéal professionnel, au prix de sa vie privée et de la difficile relation qu'il entretient avec son très jeune fils.


James Dean - Times Square - Photo Dennis Stock


Anton CORBIJN, qui a dans le domaine de la photographie, a accompli une oeuvre remarquable et qui, dans ses incursions au cinéma nous prouve un égal talent, nous dit, à travers le personnage de Dennis STOCK, que lorsque l'on porte un idéal artistique et des convictions profondes, on est parfois, récompensé de sa ténacité.




Dennis Stock - Photographe - 1928 - 2010



Ce film, dont la progression est assez lente et prend le temps de nous raconter une histoire, ne séduira pas ceux qui au cinéma sont à la recherche du précipité, de l'explosion, des effets factices, ils passeront certainement leur chemin, et même s'il n'atteint pas l'intensité du chef d'oeuvre d'Anton CORBIJN qu'est "CONTROL" lequel retraçait la courte vie, encore une, de Ian CURTIS, le chanteur de JOY DIVISION, il sait nous toucher par sa réflexion, ses images et son propos sur l'univers de la photographie.




Anton Corbijn - Réalisateur




Il faut évidemment saluer l'interprétation des deux acteurs principaux, Robert PATTINSON, remarquable, dans le rôle de Dennis STOCK et le jeune Dane DEHAAN, à qui on peut prédire une carrière à la Leonardo DI CAPRIO, en plus fin et subtil, passionnant dans le rôle de James DEAN, si bien sûr, les petits cochons ne le mangent pas.


Robert Pattinson et Dane Dehaan 




LIFE
Un film d'Anton CORBIJN
2015


Christine Filiod-Bres
16 septembre 2015
    

lundi 7 septembre 2015

Poème en prose - L'Arpenteur








Aldo Balding







L'Arpenteur


L'Arpenteur ne parle à personne
Appuyé sur sa canne, il marche

Sur l'esplanade, la foule est vibrante
Sans repos, il va, il vient

Et dans la douceur du soir
Le Blues pénètre son corps meurtri

La musique est son royaume
Mais l'Arpenteur ne parle à personne





Christine Filiod-Bres
8 septembre 2015

samedi 13 juin 2015

Petit poème en prose - L'Amie silencieuse







L'Amie silencieuse






Photo C. FB




La déesse au lierre est énigmatique


C'est une amie silencieuse

Qui ne livrera pas ses secrets






Christine Filiod-Bres
juin 2015

mercredi 3 juin 2015

Juke joint







Juke Joint




Dans la chaleur du Juke Joint enfumé

Sa voix s'élève, intense et profonde

Mais elle ne sera pas sauvée par le Blues



Billie Holiday



jeudi 23 avril 2015

Le bonheur

















Peut-être qu'un jour elles se souviendraient de cet instant,
 où elles ne savaient pas
 qu'elles étaient les plus heureuses.




Photo - Kate PARKER






Christine Filiod-Bres














dimanche 29 mars 2015




Les Rameaux


Hans Memling - XVe - Ecole du Nord
  Musée du Louvre





Ciel de traîne

Pluie douce du matin

Les Rameaux






Christine Filiod-Bres

vendredi 20 mars 2015

Petit poème en prose - Petite fille






Getty Images





Sur la ligne D, une petite fille

Absorbée et sérieuse

 Lit La princesse au petit pois



Illustration Emma Block







Christine Filiod-Bres
21 mars 2015









mercredi 11 mars 2015

Les pensées








Federico Barocci (1528 - 1612)






La dame des pensées

Irrésolue

En son château de cartes








Christine Filiod-Bres
mars 2015

jeudi 5 mars 2015










Volutes




Parfois, chez certains, le style est comme les volutes d'un grand Havane. Elles s'élèvent lentement, en apesanteur, rondes et douces, pour s'échapper plus haut, plus loin, jusqu'à se perdre, dans les limbes infinis de la beauté.









Christine Filiod-Bres
5 mars 2015

lundi 2 mars 2015

Vert Céladon et ses lecteurs








VERT CELADON ET SES LECTEURS

















Parmi toutes les chroniques que j'ai publiées sur le Blog, celle intitulée "Sonia GANDHI - Le mariage des extrêmes" est celle qui a rencontré le plus grand succès avec 305 lecteurs. Il est vrai que l'histoire de la Présidente du Parti du Congrès Indien est assez passionnante et originale. J'en suis d'autant plus heureuse qu'elle m'a demandé un certain travail de recherche et de rédaction.



"Rita et Witold GOMBROWICZ" ont intéressé 282 lecteurs. Heureuse que ce couple hors du commun, tant par la personnalité et le talent hors normes de Gombrowicz, que par la beauté et la dignité de son épouse Rita, ait touché ceux qui me lisent.


  
Vient ensuite un petit poème sans prétention, écrit un jour comme ça, au fil de la plume, "GRIS PETIT CHEVAL", qui semble avoir séduit au moins 198 lecteurs, tout en considérant que l'illustration choisie, aspect auquel j'attache beaucoup d'importance, et qui me demande du temps, n'est pas pour rien dans son petit succès ...



La vie tourmentée de la grande romancière anglaise, Jean RHYS, "Jean RHYS - Parlez-moi d'amour" a trouvé 186 lecteurs, ce qui me réjouit car elle est hélas un peu méconnue en France, je lui suis très attachée et cet intérêt m'a touchée.



Une autre source de satisfaction, et de surprise aussi, est le chiffre de 173 lecteurs pour la chronique consacrée au grand architecte japonais Tadao ANDO, intitulée "Tadao ANDO ou l'esprit des lieux". Cette chronique n'avait suscité pratiquement aucun intérêt sur la page facebook et a rencontré son lectorat uniquement sur le blog Nul doute que le parcours original, tant personnel que professionnel, de l'architecte, aura beaucoup intéressé le lectorat.  



"Melle S et Une évocation du Grand Meaulnes et d'Alain Fournier" a enregistré 163 lecteurs. Ce grand classique de la littérature française, et le destin tragique de l'auteur du Grand Meaulnes, fauché en pleine jeunesse au tout début de la guerre de 1914-1918, ont trouvé un écho.



Ma chronique relative au livre de Rémi BRAUNEISEN "L'HEURE DU CHOIX", a intéressé 151 lecteurs, notamment en Alsace, puisque ce livre traite de la guerre de 1914-1918 et des choix auxquels furent confrontés les jeunes alsaciens, dont le grand-père de l'auteur, qui nous raconte son périple et sa terrible expérience de la guerre.




L'excellent film d'Isabelle CZAJKA  "LA VIE DOMESTIQUE", adaptation française du roman de Rachel Cusk "Arlington Park", a retenu l'attention de 141 lecteurs. Parmi mes chroniques sur le cinéma c'est celle qui semble avoir recueilli toutes les faveurs, et c'est très bien ainsi pour ce film qui fait honneur au cinéma français, même si une fois n'est pas coutume.




Dans le cadre de la rubrique "Paroles et Musique", c'est  "L'Air du sommeil" extrait du magnifique opéra de Jean-Baptiste Lully "ATYS" et le très beau texte de cet air, interprété par Paul Agnew, Cyril Auvity et Callum Thorpe, sous la direction de William Christie et ses Arts Florissants,  qui a eu la faveur de 115 lecteurs et auditeurs. Je suis assez surprise de cet intérêt, car il s'agit là d'une oeuvre baroque, exigente, et pas facile d'accès, mais il semblerait que les lecteurs de Vert Céladon aient l'esprit curieux.





Une courte chronique relative au "JOURNAL DE CATHERINE POZZI" et au "JOURNAL d'ANAÏS NIN", a rencontré 82 lecteurs ; ces deux oeuvres, illustrant admirablement une certaine sensibilité féminine, assez tragique pour Catherine Pozzi, plus joyeuse et libérée pour Anaïs Nin.




J'ai consacré une de mes premières chroniques au grand roman de Joseph ROTH "LA MARCHE DE RADETZKY", 79 lecteurs s'y sont intéressés.  Je suis très heureuse si j'ai pu, avec mes modestes moyens, contribuer à faire découvrir cet écrivain autrichien remarquable, auquel je suis particulièrement attachée, dont le destin fut hélas si tragique. Il nous reste heureusement son oeuvre.



"ELLE NE SAIT PLUS QUI JE SUIS", poème très personnel, semble avoir séduit 76 personnes. La poésie étant un genre difficile, je suis heureuse qu'il ait pu toucher un certain nombre de lecteurs.


Mon texte consacré au livre de Sophie DIVRY "LA CONDITION PAVILLONNAIRE", a intéressé 62 lecteurs. Ravie que cette jeune romancière, qui vit actuellement à Lyon, ait éveillé la curiosité, car son oeuvre est originale, et nous sort un peu des sentiers battus de la littérature française.



Enfin, j'ai publié également de nombreux haïkus, genre que j'affectionne particulièrement, et deux d'entre eux, ont davantage retenu l'attention, il s'agit du "Haïku du hasard" et "Les barricades mystérieuses", avec 63 lecteurs pour le premier et 61 pour le second. Le côté peut-être un peu mystérieux de ces deux haïkus, a sans doute séduit le lectorat de Vert Céladon ...


J'arrête là cette énumération, car je ne voudrais pas vous lasser et ne peux donc évoquer qu'une partie de mes publications, qui sont au nombre de 135 depuis la création du Blog en juin 2013.


Je terminerai en disant qu'une de mes satisfactions est d'avoir constaté que VERT CELADON avait sa vie propre, et qu'il avait trouvé une partie de son lectorat, indépendamment des réseaux sociaux, et notamment de facebook, où je publie la plupart de mes chroniques, critiques, poèmes et haïkus, et qui n'est pas la source principale de sa diffusion.



Si j'ai parfaitement conscience, comparativement à d'autres blogs, que VERT CELADON est une goutte d'eau dans la mer, il progresse tout de même régulièrement, et  c'est pour moi une grande source d'encouragement. Je déplore cependant que les commentaires soient si peu nombreux, la publication sur Google ayant parfois rebuté certains lecteurs, les exigences du moteur de recherche étant très contraignantes. Ayant été alertée par deux lectrices, ce problème est résolu, et chacun peut désormais s'exprimer librement et sans contraintes techniques.


Merci à toutes celles et ceux qui me font l'amitié de me lire, car je suis très heureuse de partager avec tous, mon amour de la littérature, du cinéma et de la musique.





















Christine FILIOD-BRES
2 mars 2015


  

dimanche 22 février 2015











LES VESTIGES DU JOUR

Kazuo ISHIGURO


"Monsieur Stevens, pourquoi ne dites-vous jamais ce que vous ressentez ..."



La découverte, il y a quelques années, de ce qui est selon moi le plus beau roman de Kazuo ISHIGURO, "LES VESTIGES DU JOUR", fut un moment très important dans mon parcours littéraire, et demeure une de mes grandes émotions de lectrice.


Le récit du voyage de Stevens, majordome vieillissant, partant à la rencontre de Miss Kenton, gouvernante côtoyée durant sa longue vie professionnelle, au sein d'une grande maison de l'aristocratie britannique, Darlington Hall, dont il était secrètement épris, sans vraiment oser se l'avouer, et les souvenirs qui l'assaillent au cours de son parcours, m'avaient touchée. 


Kazuo ISHIGURO n'a pas son pareil pour évoquer le drame de ces êtres qui, minés par le non-dit, le sens du devoir et la fidélité, passent à côté de leur vie et en font le sacrifice, au prix de renoncements qui les verront floués.


Stevens, le héros du roman, est le prototype parfait de ce qu'en Angleterre, on nomme un Butler, sorte d'intendant, responsable de l'organisation d'une grande maison et de la gestion de sa nombreuse domesticité ; ce type d'employé, totalement pénétré des devoirs de sa charge, étant très recherché par l'aristocratie anglaise.


Mais ce livre n'est pas que la description des frustrations et des intermittences du coeur d'un employé modèle, il aborde également un thème assez sensible sur le plan politique, et rarement évoqué dans la littérature anglaise, celui des tentations nettement favorables à l'Allemagne nazie, et ce, dès les années trente, d'une certaine frange de l'aristocratie.


C'est au cours de son périple en voiture, à la rencontre de Miss Kenton, qu'il se remémore les dîners et réunions, organisés par son maître Lord Darlington, auxquels Stevens a veillé avec soin, où la fine fleur de la gentry travaillait à la remilitarisation de l'Allemagne après le Traité de Versailles. Réalisant qu'à l'époque il s'était interdit tout jugement et tout parti pris sur les orientations de Lord Darlington, il prend conscience, bien longtemps après, que celui-ci s'est fourvoyé, plus ou moins consciemment, vraisemblablement victime de la pression exercée par sa classe sociale.


Un passage significatif du roman illustre cet aspect, et vient troubler la mémoire de Stevens, comme un retour du refoulé, où il se souvient que Lord Darlington, sous la pression de certains de ses amis, lui a demandé de licencier deux employées d'origine allemande, parce qu'elles étaient juives. Bouleversé par la demande de son maître, il ne laissera cependant rien paraître de son désarroi et exécutera ses ordres, malgré les protestations de Miss Kenton, lui reprochant son inertie et l'impossibilité dans laquelle il se trouve d'exprimer ses sentiments et un quelconque jugement.


Kazuo Ishiguro

La relation confuse et poignante qu'entretiennent Miss Kenton et Stevens durant tout le séjour de celle-ci à Darlington Hall, est un autre ressort du roman. Le respect mutuel qu'ils se vouent sur le plan professionnel et humain, et la personnalité fougueuse de la jeune femme, sont très émouvants ; mais le majordome, empêtré dans le non-dit, ne parviendra pas à avouer ses sentiments, et ne manifestera aucune émotion apparente, lorsque Miss Kenton, déçue, lui annoncera son mariage, qu'on devine contracté par dépit, avec le majordome d'une autre grande maison.


Miss Kenton, devenue Madame Benn, attendra vingt ans pour revoir Stevens, à qui elle a écrit à la mort de Lord Darlington. Elle ne lui cachera pas l'échec de son mariage, au cours d'une conversation, où ils abordent l'attitude de Lord Darlington et son procès perdu après la guerre, où il avait tenté de défendre son honneur.


Stevens propose à Miss Kenton de revenir à Darlington, désormais la propriété d'un très riche américain, mais sa fille étant sur le point d'accoucher, elle se voit contrainte de refuser son offre. Tout se joue à nouveau à cet instant là, tous deux ayant conscience d'être passés à côté d'un amour qui ne les réunira pas.


Kazuo ISHIGURO, écrivain de langue anglaise, d'origine japonaise, a su nous raconter une histoire bouleversante, à travers son style très classique, où l'émotion pointe par petites touches, quasi impressionnistes, où la marche du monde se confond avec le destin des hommes et des femmes, qui passent parfois à côté d'un bonheur auquel ils auraient pu prétendre, mais qui leur sera refusé, car ils sont impuissants face à l'expression de sentiments trop longtemps étouffés.


Le Jury du prestigieux Booker Prize ne s'y est pas trompé, et a attribué, en 1989, à Kazuo Ishiguro son prix éponyme pour ce magnifique roman, devenu un classique, et emblématique de son oeuvre passionnante, sensible, et originale.





Christine Filiod-Bres
22 février 2015









jeudi 12 février 2015

Poésie - Pure













Pure



Faire grimper le mercure
Vénus à la fourrure
Attiser les brûlures

Aller chercher l'épure
Et réduire la voilure
Pour fuir la déchirure

Et mesure pour mesure
En faisant bonne figure
Se perdre en conjectures





Christine Filiod-Bres
février 2015

Petit poème en prose - Grand Nord











N'être qu'une petite herbe

Penchée

Là-bas, dans le Grand Nord






Christine Filiod-Bres
février 2015