mardi 7 janvier 2014

Tadao ANDO ou l'esprit des lieux







Tadao ANDO ou l'esprit des lieux


Tadao ANDO n'est pas seulement un architecte de réputation mondiale, c'est aussi un homme à la personnalité exceptionnelle, à l'histoire personnelle émouvante, et à la vie étonnante.

Né en 1941, à Osaka au Japon, il est le fils de très modestes commerçants, qui le séparent de son frère jumeau, et le confient à la garde de ses grands-parents, eux-mêmes peu disponibles pour assurer son éducation.

Livré à lui-même, il est souvent dans la rue, et côtoie ainsi les nombreux petits artisans qui l'initient à leur travail, notamment ceux qui exercent dans le secteur du bâtiment, dont il apprendra les rudiments.

A dix-sept ans, réfractaire à l'école, il aime le sport et devient boxeur professionnel, activité qu'il exercera durant quelques années, tout en continuant à s'instruire par lui-même, lisant des ouvrages sur la construction et l'architecture, pour laquelle il se passionne depuis longtemps, découvrant ainsi l'oeuvre de Le Corbusier.

En, 1965, il part pour l'Europe, au cours d'un périple incroyable, qui le conduira de Yokohama, via Pékin, puis le Transsibérien, jusqu'à Paris, où il espère rencontrer Le Corbusier. Il arrive hélas quelques jours après la mort de l'architecte, et son rêve ne se réalisera pas.

Après un long séjour en Europe, il rentre au Japon et crée son agence d'architecture, discipline qu'il a acquise en dehors de tout système scolaire, et en parfait autodidacte, ce qui, au Japon, est exceptionnel.

Il commence par construire des maisons et des petits magasins, pour une clientèle modeste, puis au fil de ses réalisations, sa renommée dépasse les frontières de son pays, et il devient le grand architecte que l'on sait.

Son oeuvre est à l'échelle humaine et reste davantage tournée sur les espaces intérieurs que sur les aspects extérieurs. Elle se fond dans le paysage et ne cherche pas à le transformer. Sensible à l'esprit des lieux, il privilégie les matériaux locaux qui ont une histoire. En 1985, il obtient le Prix Aalto, le prestigieux Prix Pritzker en 1995, et le Prix Kyoto en 2002.





Très marqué par le terrible tremblement de terre de Kobe, il offre le montant de son prix aux orphelins de la ville, et organise des collectes de fonds pour améliorer la qualité de la construction, et lutter contre les habitations bon marché, érigées au mépris des règles de l'art et de la sécurité.

Tadao ANDO nous démontre, par son itinéraire singulier, que les chemins de traverse sont parfois plus intéressants que les parcours balisés, lorsque l'on a une passion, que l'on sait qui l'on est, et qu'on n'a peur de rien.


Christine Filiod-Bres
7 janvier 2013

















samedi 4 janvier 2014

Musique - Elisabeth SCHWARZKOPF










Elisabeth SCHWARZKOPF 
ou le triomphe de la volonté 

1915 - 2006




Cette prussienne bon teint, née en 1915, dans l'actuelle Pologne, et la région de Poznan à l'époque territoire prussien, n'était pas une sentimentale. Elle reçut de la part de ses parents une éducation stricte, qui servit sa volonté farouche et son ambition artistique jamais démenties, lesquelles la conduisirent vers une carrière internationale de soprano, où elle fit les belles heures, entre autres, du répertoire mozartien, sur toutes les grandes scènes d'opéra.


Son adhésion au parti nazi en 1938, et ses relations, assez proches, avec Joseph Goebbels, ministre de la propagande nazie, et Hans Franck, le Gauleïter du sud de la Pologne, qui eut pour elle une certaine inclination, lui valurent à la fin de la guerre, d'être traduite devant le tribunal de "dénazification". Mais comme souvent, dans ce genre d'affaires, le temps arrange bien les choses, et elle  fut acquittée ... 

Excepté cependant pour les américains, qui se montrèrent plus sourcilleux, le New-York Times l'ayant baptisée "la diva nazie", et qui lui interdirent l'accès au Metropolitan Opera de New-York, en la personne de son Directeur de l'époque, lequel contestait sa "dénazification" ; de même que celle d'autres grands artistes allemands, comme le chef Willelm Furtwängler ou Herbert von Karajan, et où elle ne put se produire seulement qu'à partir de 1964 .


Sa très grande carrière internationale commença après-guerre, sous l'impulsion du producteur anglais de la firme EMI, Walter LEGGE, qu'elle épousa fort opportunément, et qui orchestra, de main de maître,  sa magnifique production discographique.



Il n'en reste pas moins qu'elle fut une des plus grandes interprètes des rôles mozartiens, et que sa voix remarquable fit merveille, dans la Comtesse Almaviva, des Noces de Figaro, et Donna Elvira de Don Giovanni ; elle fut également une inoubliable Maréchale dans le Chevalier à la rose de Strauss. Quant à son interprétation des quatre derniers lieder de Strauss, elle est à mon sens inégalée.


Elisabeth SCHWARZKOPF, avait un caractère bien trempé, qui à la fin de sa carrière, s'illustrait dans les master-classes qu'elle animait de son regard métallique et de son sourire un peu narquois.


Une très grande dame du chant lyrique, qui avait réussi à faire oublier son passé politique sulfureux, et qui reste une référence incontournable parmi les cantatrices du XXe siècle.


Christine Filiod-Bres
4 janvier 2013









Richard Strauss - Les quatre derniers Leader